Je suis bon en orthographe,
je peux faire de la correction ?

FAUX. Être correcteur ou SR (secrétaire de rédaction) est un métier, et faire de la correction nécessite une formation professionnelle adaptée. Il y a aussi des gens, qui, comme moi, sont autodidactes et apprennent d’eux même et sur le terrain. Mais en aucun cas, être bon en orthographe et en grammaire signifie être apte à la correction. Pourquoi ?

 

  1. Corriger un texte au niveau professionnel, que ce soit dans l’édition ou la communication, ne s’arrête pas à l’orthographe, la grammaire et la syntaxe.
  2. Un des piliers de la correction à connaître absolument est le code typographique.
  3. Au-delà de connaître les deux points précédents, la correction nécessite surtout une capacité à aller vérifier.

Qu’est-ce que le code typographique ?

En somme, le code typographique (Les règles typographiques en usage à l’Imprimerie nationale) regroupe un ensemble de règles, une sorte de convention, en usage à l’Imprimerie nationale. On y retrouve les règles de composition des textes, l’usage des différents types de caractères, comment écrire les nombres, les abréviations, etc.

Certes, avoir un texte dénué de toute faute est une chose, mais il faut également que celui-ci soit en accord avec l’usage de la langue et ce fameux « code typo ». Mettre les bonnes espaces (et oui, dans l’édition on dit « une espace ») avant tel ou tel signe de ponctuation, mettre une capitale (majuscule) ou non, écrire 2e et pas 2ème, etc., sont des choses que l’on doit savoir et appliquer.

Comment est-ce que l’on corrige ?

Là encore, il ne suffit pas de prendre un stylo rouge et de corriger une copie, annoter des commentaires dans la marge. Il y a tout un code de correction, avec des signes et des règles à respecter (voir ci-dessous) afin de se faire comprendre par la personne qui intégrera les corrections sur la maquette.
Dans certains circuits de copie on fait appel à un correcteur, en plus du SR. Dans ce cas, c’est le SR qui va intégrer les corrections sur maquette et après sa propre relecture en général.
D’autres circuits de copie font seulement appel au SR qui fait une première relecture et correction sur la maquette directement, puis effectue une correction sur papier une fois que la maquette est finie, afin de voir ce que cela donne une fois imprimée. C’est là que l’on intègre les derniers correctifs : coquilles, améliorations, fautes qui traînent, etc. Souvent, on fait de la correction papier afin de croiser les corrections d’au moins deux personnes.
Un autre cas de figure : le SR ou correcteur fait sa relecture et ses corrections, mais c’est le chef de projet, assistant d’édition, ou autre, qui intègre les corrections sur la maquette.

Signes de corrections en usage à l’Imprimerie nationale.

On indique ce qui doit être corrigé dans le texte grâce au code de correction, puis on spécifie la correction à faire dans la marge, toujours en suivant ce code. Cela va de la lettre ou du mot à modifier, un caractère ou espace à supprimer / ajouter, un mot ou bout de phrase à intervertir, une proposition pour améliorer le texte, mettre en capitale ou, à l’inverse, passer en bas de casse (minuscule). Tout cela doit être indiqué en respectant les règles et de la manière la plus claire possible.

La correction papier vs sur maquette

Par expérience, il est de plus en plus rare, en tant que SR, de faire de la correction papier. Cela m’arrive encore de le faire après une première correction, une fois que la maquette a été faite et que l’on en est à l’étape de relecture pour validation. La plupart du temps je corrige directement sur logiciel de mise en page afin de pouvoir faire tout le travail de mise en forme des textes et hors-textes, notamment le travail des drapeaux et des niveaux de gris. On utilise également beaucoup le logiciel ProLexis qui passe en revue tout le texte et applique les règles typo que l’on a préalablement réglées, un gain de temps certes, mais il faut néanmoins tout vérifier car ProLexis reste un logiciel qui ne prend pas le contexte en compte, ainsi que certaines règles.

En conclusion, corriger de manière professionnelle demande une certaine connaissance de l’édition. Être bon en français ne suffit pas, avoir l’habitude de corriger des copies d’élèves non plus ! C’est un savoir-faire qui nécessite beaucoup de rigueur et qui est un vrai métier.